A la rédaction de TF1, une mystérieuse pétition anti-Paolini

Publié le 19 Novembre 2009

Près de 250 des 300 journalistes ont signé un texte dénonçant les conditions de travail et l'absence de stratégie de la direction.

Le siège de TF1 à Boulogne (Charles Platiau/Reuters)

Déjà plus de 250 signatures sur une rédaction d'environ 300 personnes : la pétition lancée en catimini la semaine dernière par quelques journalistes de TF1 est en train de virer au triomphe. Ça tombe mal pour le PDG Nonce Paolini, trois semaines après le départ précipité d'Axel Duroux, qui devait redresser la barre d'un navire en tangage de plus en plus périlleux.

Comme un mauvais signe, les audiences sont à nouveau catastrophiques : Europe 1, qui révèle l'existence de cette pétition, note que la première chaîne d'Europe vient de connaître sa pire semaine depuis sa privatisation -en 1987 !

Pour mémoire, au moment du départ de Duroux (considéré comme un as des audiences depuis qu'il a redressé celles de RTL), TF1 faisait savoir que la situation s'était améliorée durant l'été, soit dans le délai entre la nomination et l'arrivée de l'ex-PDG de la radio privée… histoire de montrer que la Une était capable de faire sans lui.

Au même moment, le 23 octobre, la toute jeune (18 mois) société des journalistes de TF1 déclarait « regretter » le départ d'Axel Duroux, qui s'était porté « garant de l'indépendance » de la rédaction. Par conséquent, son départ entretenait un « climat d'instabilité ».

A TF1, les sources sont généralement très craintives

Episode suivant, cette pétition, donc. Impossible d'en obtenir le texte. A TF1, les sources sont, pour la plupart, très craintives, et l'irruption de Nonce Paolini dans une récente conférence de rédaction pour regretter les « fuites » dans la presse ne va pas contribuer à délier les langues.

Un journaliste ajoute que le texte, rédigé par « des gens peu habitués aux négociations syndicales, part un peu dans tous les sens, et ne donnerait pas forcément une image favorable » de ceux-ci.

Il a commencé à circuler la semaine dernière à l'initiative d'une poignée de journalistes « de la base », sans consultation des syndicats. Approchés, ceux-ci auraient accepté de relayer les inquiétudes de leurs confrères si le nombre de paraphes dépassait les deux cents.

Selon un journaliste, la pétition exprime « le ras-le-bol généralisé qui monte depuis plusieurs mois, le plan d'économies anarchique qui touche surtout le petit personnel, et l'absence générale de leadership et de stratégie, dans un contexte de baronnies à bout de souffle, avec des gens qui se maintiennent en poste les uns les autres ». Fermez le ban… Paolini, qui dirige la chaîne depuis plus de deux ans, est rhabillé pour l'hiver.

Pénurie de cartes mémoire pour les reportages

« On rogne à la marge sur des broutilles », ajoute le même à propos des économies. Un autre journaliste raconte que « chaque jour ou presque, un chef déboule dans la rédaction à la recherche de cartes P2 », les cartes-mémoire qui remplacent les cassettes, et seraient donc en pénurie chronique.

Les journalistes interrogés disent que « presque tout le monde est d'accord avec la nécessité de faire des économies », mais regrettent un « manque de transparence total » : « Les vieilles habitudes sont toujours là », souligne l'un d'eux.

Après les deux communiqués de la SDJ en un an et demi d'existence, cette pétition constitue donc « un troisième camouflet » des journalistes à Paolini. Un journaliste remarque que la rédaction a désormais une « relative liberté d'action » après les années de plomb sous le règne Le Lay-Mougeotte. « Enfin, relative… Dans une autre rédaction, on ne parlerait sans doute pas de liberté. »

Une rumeur fait en ce moment le tour des couloirs de TF1 : en claquant la porte de la chaîne, Axel Duroux aurait déclaré y avoir « trouvé un système stalinien ». Chez Bouygues, ce serait le comble !

 

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Source  Rue89.com

Rédigé par jeanfrisouster

Publié dans #citoyens d'europe

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