Le crime paie

Publié le 24 Août 2012

Le crime paie

LE MONDE | 24.08.2012 à 13h29

Par Alain Constant (C'est tout vu !)

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C'est une simple croix peinte en blanc sur le bitume, au milieu d'une voie de circulation très fréquentée. Chaque année, ils sont près d'un million de visiteurs à s'en approcher, la photographier, la filmer, la contempler. C'est à cet endroit précis, sur Elm Street, Dallas, Texas, que John Kennedy a trouvé la mort le 22 novembre 1963. Depuis, une économie parallèle s'est développée autour de l'événement. Autour du lieu, ils sont des dizaines à vivre d'un tourisme du crime développé depuis longtemps aux Etats-Unis.

La caméra suit deux touristes françaises qui écoutent avec une attention teintée d'excitation Ken, guide depuis quarante ans du "Kennedy Assassination Tour". Il met en doute la version officielle, explique pourquoi, indique l'endroit où se trouvait, selon lui, le tireur. Trois heures d'explication autour d'Elm Street, 200 dollars par groupe. La directrice du 6th Floor Museum, elle, accrédite la thèse officielle. "C'est d'ici qu'Oswald a tiré", assure-t-elle, dans son petit musée surplombant Elm Street. La visite est facturée 13 dollars et attire chaque année 350 000 curieux. Dans la rue, une dizaine de guides plus ou moins crédibles attendent le client.

Diffusé jeudi 23 août, en soirée sur France 2, dans le cadre des "Carnets de voyage d'Envoyé spécial", ce reportage d'une trentaine de minutes consacré au tourisme du crime laisse une sensation étrange. Comme l'explique John Lennon, toujours vivant puisque chercheur à l'université de Glasgow et spécialiste mondial de ce qui est appelé le "tourisme noir", les lieux du crime nous fascinent parce qu'ils sont associés à notre capacité de tuer. Mais M. Lennon précise que, s'il est facile de se laisser entraîner sur les traces de Jack l'Eventreur à Londres, suivre les traces d'un violeur ou d'un tueur en série ayant sévi récemment semble encore indécent.

Cela n'empêche pas l'existence de parcours morbides. A Milwaukee, Wisconsin, Jeffrey Dahmer, tueur en série et cannibale à ses heures, arrêté en 1991, a droit à son excursion payante. Des proches de victimes manifestent régulièrement, en vain. Le témoignage recueilli auprès de la mère de la plus jeune victime de Dahmer, un gamin de 14 ans, est poignant.

Plus folklorique, le traditionnel rassemblement annuel à Gibsland, petite ville de Louisiane où des centaines de curieux viennent assister à la reconstitution minutieuse de l'embuscade dans laquelle Bonnie et Clyde trouvèrent la mort. La macabre reconstitution, avec deux figurants maculés de ketchup affalés dans une Ford d'époque, rencontre un vif succès chez les adultes comme auprès de leurs enfants.

Voyeurisme ? Fascination déplacée ? Toujours est-il que ce tourisme du crime ne cesse de se développer. Dans la capitale française, plusieurs guides proposent une tournée un peu particulière. Entre "Le Paris du crime", "Scandales, crimes et châtiments" ou "Paris criminel", vous avez, moyennant finances, le choix des armes. "C'est intriguant, fascinant. Une soirée avec un peu de suspense et de frayeurs, c'est ce que l'on recherche", résume l'une des touristes.

Alain Constant (C'est tout vu !)

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