Londres s'offre un « trombone mutant » en guise de Tour Eiffel

Publié le 3 Avril 2010

Destiné à devenir le symbole des Jeux olympiques de 2012, le projet d'Anish Kapoor sera financé par le géant de l'acier Mittal.

Anish Kapoor présente la maquette de la tour qu'il a dessinée pour les JO de Londres (Stefan Wermuth/Reuters)

(De Londres) Paris se remet tout juste de ne pas avoir été choisi pour l'organisation des Jeux olympiques de 2012. Et voilà que les Britanniques infligent une nouvelle humiliation aux Français, en annonçant la construction d'une « Tour Eiffel du XXIe siècle » à Londres !

Hauteur : 115 mètres. Poids : 1 400 tonnes. Coût : 21 millions d'euros. Un ascenseur, un escalier extérieur, deux plate-formes, un restaurant, 700 visiteurs par heure. « Ça aurait soufflé Gustave Eiffel », s'est exclamé le maire de Londres, Boris Johnson, en dévoilant mercredi la maquette de la gigantesque construction de métal rouge qui trônera au milieu du parc olympique pour les festivités de 2012.

La conception de cet ensemble de 8 spirales géantes faites de tubes métalliques entremêlés qui fait penser à des montagnes russes, est signée Anish Kapoor. Ce plasticien britannique d'origine indienne est habitué des œuvres monumentales. Il y a quelques mois, il « tapissait » à coups de canon à peinture (rouge) les murs délicats de la Royal Academy de Londres.

Anish Kapoor veut réinventer le concept de tour

ArcelorMittal Orbit, maquette Arup

Pour l'œuvre-phare des JO, Anish Kapoor ambitionne rien moins que de réinventer le concept de tour, en donnant à son édifice une impression d'équilibre précaire. Ce qui ne l'empêche pas de jouer les modestes quand il évoque le monument parisien :

« Ce serait terriblement arrogant de vouloir faire concurrence à Eiffel qui a consacré sa vie entière à la construction de la tour. »

D'ailleurs, du haut de ses 115 mètres, l'Orbite (c'est le nom choisi par Anish Kapoor et son partenaire dans cette aventure, l'architecte Cecil Balmond), n'arrivera pas à la cheville de Dame Eiffel (qui culmine à 324). Mais dépassera Big Ben (96m), la Statue de la Liberté (93m) ou encore la colonne Nelson à Trafalgar Square (51m).

Financement assuré par le géant de l'acier Mittal

En ces temps où la City toussote, était-ce vraiment le moment pour se lancer dans de tels projets pharaoniques ? Boris Johnson, le maire de Londres, anticipe les critiques :

« Je sais très bien qu'il y a des gens qui vont nous prendre pour des dingues de lancer, au plus profond de la récession, la plus grande commande publique d'une œuvre d'art jamais passée en Grande-Bretagne (…) Mais nous sommes persuadés d'avoir fait ce qu'il fallait. »

Sur un budget de 21 millions d'euros, la ville de Londres n'en déboursera que 3. Le reste sera financé par le milliardaire anglo-indien Lakshmi Mittal, patron de l'empire de l'acier ArcelorMittal.

Boris Johnson assure l'avoir convaincu en quarante secondes, dans les vestiaires du Forum économique de Davos, en janvier 2009. Mittal, l'un des hommes les plus riches du monde, s'offre ainsi le panneau publicitaire le plus chic du monde, en plein cœur du parc olympique, puisque la tour est officiellement baptisée « ArcelorMittal Orbit ».

« Awful Tower », « trombone mutant », « narghilé géant »

La construction doit débuter dans les semaines à venir (sous réserve d'obtenir l'autorisation), pour livraison fin 2011. Et les surnoms les plus variés commencent déjà à circuler pour ce qui pourrait devenir prochainement le symbole de Londres.

Anish Kapoor évoque une tour de Babel. Boris Johnson, plus terre à terre, propose le « Colosse de Stratford » (le quartier de l'est londonien qui accueillera les JO), le « Trombone mutant » ou encore le « Narghilé géant ». C'est vrai que sous un certain angle, la tour ressemble étrangement à une pipe à eau (voir vidéo).


Le design évoque une clé de sol, pour le Guardian, une esperluette (le signe typographique « & »), pour le Daily Telegraph. Sceptique, le Times, ne perçoit qu'un « gribouillis géant ». Le Daily Mail a failli croire à une dramatique collision entre grues sur le chantier olympique.

Sur Twitter, on parle du « spaghetti tordu » ou encore d'un « Meccano sous crack ». Un lecteur du Sun peu convaincu a rebaptisé la future tour, en référence à la Tour Eiffel : « The Awful Tower [la tour moche, ndlr]. »

Le concours des surnoms est lancé. A vous de jouer.

 

Photo : Anish Kapoor présente la maquette de la tour qu'il a dessinée pour les JO de Londres (Stefan Wermuth/Reuters), la maquette du futur ArcelorMittal Orbit, par Arup (DR).

Rédigé par jeanfrisouster

Publié dans #citoyens du monde

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