Comores : un nouvel Airbus à la mer

Publié le 3 Juillet 2009

Comores : un nouvel Airbus à la mer

Par CATHERINE MAUSSION Source liberation.fr

Au lendemain de l’accident de l’Airbus 310 de la compagnie Yemenia Airways, qui s’est abîmé en mer, dans la nuit de lundi à mardi (151 victimes, deux survivants), à quelques kilomètres de Moroni, la capitale des Comores, les autorités françaises restaient prudentes sur les causes du crash. «Par respect des familles», expliquait-on dans l’entourage de Dominique Bussereau, le secrétaire d’Etat aux Transports qui a visiblement tiré une leçon de la mauvaise communication autour du crash du Rio-Paris,lorsque des informations qui se sont révélées inexactes avaient, dans un premier temps, circulé. Pourtant une polémique autour de l’état de l’avion a enflé tout au long de la journée, embarrassant visiblement les autorités.

Le vol Paris-Moroni s’est d’abord posé à Marseille, puis à Sanaa, la capitale du Yémen. Après un changement d’appareil, le vol se poursuit pour un atterrissage prévu à Moroni, terme de son parcours. Sur les 151 victimes du crash, on recense 66 ressortissants français - 26 passagers étaient montés à Paris, puis 40 à Marseille où réside une forte communauté de Comoriens. Une majorité revenait au pays pour les vacances.

Hier, dès le début de la matinée, une cellule de crise était constituée à Roissy. Une petite centaine de Comoriens habitant la Courneuve (Seine-Saint-Denis), où réside une importante communauté, étaient accueillis par des psychologues et des juristes. «Nous aidons à recueillir les témoignages des familles pour tenter de reconnaître les corps. Ils nous décrivent leurs coiffures, comment ils étaient vêtus», explique Nourdine Misbah, un responsable de Comores Solidaires, présent sur place.

«Ecarts majeurs». Sitôt connu l’accident, une autre association comorienne, SOS Voyages aux Comores, créée en 2008 pour dénoncer les conditions déplorables des vols à destination de ce pays, évoque «ces compagnies poubelles qui relient Sanaa et Moroni».

Dominique Bussereau a relayé hier ces inquiétudes. L’avion avait 19 ans et comptait 51 900 heures au compteur. Il avait subi en 2007 un contrôle de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile). L’inspection avait révélée «des écarts majeurs, relevant de la catégorie 3», précise-t-on dans l’entourage du ministre. «Suffisamment importants pour qu’on interdise son exploitation.» L’interdiction vaut en France, mais pas au départ de Saana, au Yémen, ajoute le ministère. Et elle n’a pas empêché l’avion de se poser la semaine dernière à Londres (lire ci-contre).

A la DGAC, on restait en deçà des déclarations du ministre : «La compagnie a très bien pu remédier aux défauts de l’appareil depuis l’inspection. Et Yemenia a très bien pu remonter dans le classement des compagnies aériennes. Il ne faut pas faire d’amalgame. Les gens qui s’apprêtent à voler pour leurs vacances, sont suffisamment inquiets !» Quel classement ? Quels défauts ? «Nous n’allons pas vous ouvrir les banques de données», ajoute encore la DGAC. Et elle conseille d’interroger son homologue yéménite, chargée de contrôler les avions immatriculés chez elle. Ou l’Organisation internationale de l’aviation civile.

Vent de 60 nœuds. La compagnie ne figurait pas sur la liste noire européenne, celle établie par l’agence européenne de sécurité aérienne (AESA), et elle avait subi, parce qu’elle était «très suivie», «quatre contrôles positifs», plaide encore le ministère des Transports.

Une autre cause était évoquée hier en parallèle : les conditions météo. Sur ce point, la DGAC renvoie aux déclarations vagues de Dominique Bussereau, sans produire d’éléments probants. En fait, l’évocation d’un vent de 60 nœuds balayant la zone la nuit de l’accident, provient des autorités yéménites. Mais le site du Point, a vainement cherché confirmation de ces données, pointant que les sites spécialisés de météorologie, indiquaient des vents de 20 à 30 nœuds (37 à 55 km/heure). Hier, le BEA (Bureau enquêtes analyses) confirmait qu’il était associé à l’enquête, comme en pareil cas, la France étant le pays du transporteur, Airbus. Cette enquête s’ajoute à celle du vol Rio-Paris. Et à beaucoup d’autres.

Rédigé par jeanfrisouster

Publié dans #citoyens du monde

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