AUTOROUTE. Associations et élus s'alarment d'une éventuelle atteinte à une nappe profonde en Sud-Gironde. A'liénor affiche sa sérénité

Publié le 4 Avril 2010

A65 : le chantier prend l'eau
Les équipes du chantier auraient « tapé » dans le réservoir de la nappe d'eau.( PHOTO Stéphane lartigue)
Les équipes du chantier auraient « tapé » dans le réservoir de la nappe d'eau.( PHOTO Stéphane lartigue)

C'est une drôle d'histoire d'eau. Elle a jailli cette semaine dans la chronique du chantier de l'A65 Langon-Pau, quand Pierre Ducout, le maire (PS) de Cestas, a rédigé un courrier à l'intention des services préfectoraux de la Gironde. Excellent connaisseur de la ressource, président de la Commission locale de l'eau (CLE) en Gironde, Pierre Ducout n'a rien d'un environnementaliste gesticulant. Aussi sa missive n'en a-t-elle que plus de poids. « Il semblerait que les décaissements réalisés pour la mise en place de la chaussée aient recoupé le toit de la nappe du miocène, permettant ainsi son débordement vers la surface », écrit l'élu.

En clair, les équipes du chantier auraient « tapé » dans le réservoir de cette nappe d'eau censée être profonde, du côté de Bazas et de Lignan-de-Bazas. Inenvisageable ? « Pas du tout. Dans ces coins-là, les affleurements de la nappe sont nombreux. À certains endroits, on la trouve à 2 ou 3 mètres de profondeur sous des sables », argumente Gilbert Le Pochat, un membre de la Sepanso, une fédération environnementale affiliée à France Nature Environnement.

Gilbert Le Pochat évolue en terrain connu. Géologue retraité, il travaillait au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), un organisme qui suit les nappes profondes partout en France. C'est lui qui siège à la Commission locale de l'eau pour le compte de la Sepanso.

Selon le courrier de Pierre Ducout, ce percement de la nappe n'aurait rien d'anodin. Il justifierait un pompage permanent de 250 mètres cubes par heure « pour maintenir la chaussée hors d'eau ». Or la nappe miocène est protégée par un Sage, un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (lire ci-dessous). Et aucun prélèvement n'y est toléré dans le cadre du chantier de l'A65, autorisé par un arrêté interpréfectoral de mars 2008. « Aussi nous a-t-il paru indispensable que des mesures soient prises pour faire cesser cette situation anormale », poursuit l'élu.

Police de l'eau

À l'hôtel préfectoral, on assure ne pas avoir reçu ce courrier. Les services de l'État auraient-ils eu vent de l'affaire ? « J'ai moi-même saisi la police de l'eau », appuie Gilbert Le Pochat. « Il serait logique que le préfet fasse dresser un procès-verbal. Et qu'il fasse appliquer la loi, c'est-à-dire cesser les prélèvements. Il va falloir qu'A'liénor rehausse la chaussée. Sinon, il faudra pomper ad vitam aeternam », avance de son côté Philippe Barbedienne, le directeur de la Sepanso. Hier soir, le préfet Dominique Schmitt faisait savoir qu'il demandait « des contrôles des forages et des rabattements de nappes » sur le site dès mardi matin. Une expertise est en outre confiée au BRGM.

Honnie par les écologistes, l'A65 cristallise toujours les passions. Les Verts n'ont pas tardé à se saisir de l'affaire pour réclamer l'arrêt du chantier. Hier, sa secrétaire régionale, Laure Curvale, a à son tour écrit au préfet en ce sens en évoquant « des poursuites judiciaires à l'encontre du concessionnaire ».

Monique De Marco, la chef de file des Verts au Conseil régional, en profite pour réclamer le soutien d'Alain Rousset, le président PS de la Région. Alain Rousset, qui a porté à bout de bras le dossier de l'A65 pendant des années, ne souhaitait pas réagir hier après-midi.

A'liénor tient ses positions

Au siège palois d'A'liénor, filiale d'Eiffage, on cerne sans peine les enjeux de l'affaire. Maintes fois attaquée sur ce registre, A'liénor se targue d'oeuvrer dans l'excellence environnementale. Piocher dans une nappe protégée et la laisser s'écouler sans trop le crier sur les toits ferait mauvais genre.

Olivier de Guinaumont, son patron, affiche sa sérénité. « Je n'ai pas de signe qui laisse à penser que l'on serait dans ce scénario-là. De toute façon, si l'administration est saisie, j'imagine qu'elle va diligenter une expertise. On ne va pas mettre notre mouchoir dessus », réagit-il.  ............................

 

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Rédigé par jeanfrisouster

Publié dans #citoyens d'europe

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