La décroissance, c'est aussi pour les naissances !

Publié le 20 Avril 2009

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. La proposition d'Yves Cochet sur la grève du troisième ventre continue de faire débat. La politique de natalité est indéniablement un outil de contrôle des populations. Faut-il s'en priver au risque de choquer les âmes sensibles ?


(The Birth of Venus by Alexandre Cabanel, 1863 - photo : mijori - Flickr - cc)
(The Birth of Venus by Alexandre Cabanel, 1863 - photo : mijori - Flickr - cc)

Le député Yves Cochet propose de supprimer les allocations familiales à partir du troisième enfant, afin de limiter la croissance de la population... Inutile  de dire que ce genre de proposition fait hurler les défenseurs de la natalité, de la patrie, de la France, de l’Occident, j’en passe et des meilleurs... Pourtant, ce type de mesure est tout à fait cohérent avec les théories de la décroissance. Si l’on veut vraiment limiter l’impact de la population humaine sur la terre, la pression écologique, il faut limiter la croissance de la population. Certes, la transition démographique est en cours, dans la plupart des pays du monde. C'est-à-dire que petit à petit on va vers une stabilisation de la population mondiale, on se dirige vers une population stationnaire... 

La décroissance, c'est aussi pour les naissances !

Une population qui stagne est une population dans laquelle chaque femme a deux enfants.


Où, comme disent les démographes, chaque mère est remplacée par sa fille. Ce qui est intéressant pour l’économiste, c’est de savoir si les mesures économiques ont un impact sur la population. Est-ce que le fait de donner des allocations à partir du troisième enfant, incite les mères, par un calcul très matériel, à avoir un ou plusieurs enfants supplémentaires ? Peut être, mais à la marge. Les décisions démographiques ne sont pas liées à des conditions matérielles. Il est probable que les parents de familles nombreuses auraient des familles nombreuses, allocations ou pas.  

En effet, les riches sont un tout petit peu plus féconds que la moyenne. Les pauvres aussi, mais souvent parce que les mères sont moins éduquées, moins à l’aise avec les techniques contraceptives. Encore que l’éducation ne soit pas non plus un critère de fécondité : dans la France de l’Ancien Régime, les classes populaires, les paysans, ont sur limiter de façon drastique le nombre d’enfants. Au début du XX° siècle une partie des classes populaires et les classes moyennes pratiquaient la politique de l’enfant unique.  


En réalité, la démographie échape à l’économie.


L’attitude des hommes devant la la reproduction est quelque chose d’étrange et de nouveau : l’enfant n’est plus subi mais voulu, toutes les familles s’orientent peu ou prou vers le chiffre deux, et ce dans presque tous les pays du monde, y compris dans les pays musulmans. C’est bon signe. C’est le signe que les femmes sont devenues maîtresses de la fécondité, et que l’argent n’appartient pas au phénomène essentiel qu’est la perpétuation de la vie ; l’Allemagne de l’Est avait autrefrois une politique familiale très active, contrairement à l’Allemagne de l’Ouest, et pourtant les Allemandes, de l’Est comme de l’Ouest, ont suivi le même chemin démographique.  

 

Le livre du jour : Antimanuel d’écologie, d’Yves Cochet, Editions Bréal.



Bernard Maris  avec marianne2.fr

Rédigé par jeanfrisouster

Publié dans #citoyens d'europe

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article