Auteur Blandine Grosjean
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Capture d'écran du JDD, 4 décembre 2011 (LeJDD.fr)
Confronté à l'explosion de faits divers sanglants – trois morts en une semaine dans des fusillades à Marseille –, le ministre de
l'Intérieur Claude Guéant dégage en touche dans une interview donnée ce
dimanche au JDD.
On le questionne sur DSK, le « complot du Sofitel », l'implication évoquée de l'UMP dans les ennuis de l'ancien directeur du FMI
et le degré d'implication de son ministère dans l'affaire du Carlton.
1
Sur l'affaire du Carlton
Claude Guéant ne savait rien. Il affirme qu'il n'a découvert que DSK était impliqué seulement « à la fin des vacances d'été ».
L'affaire du Carlton débute en février 2011 avec une information anonyme. Pourtant le 15 mai – lendemain de l'arrestation de DSK à New York –, les policiers lillois saisissent une conversation entre les deux protagonistes de cette affaire de
proxénétisme supposé, où il est question de Strauss-Kahn et d'un haut-fonctionnaire de la police.
2
Sur le BlackBerry disparu
Anne Sinclair pense que les e-mails du BlackBerry de son mari ont été piratés par l'UMP, rapporte le JDD.
Claude Guéant n'a « aucune idée là-dessus » :
« Quand je lis que sous prétexte que M. Strauss-Kahn a égaré son téléphone, on brode toute une théorie sur le complot, je suis interloqué. M. Strauss-Kahn n'est pas espionné par la
police française. Tout ce que j'ai lu et entendu cette semaine évoque pour moi fantasmes et foutaises. »
3
Sur l'interpellation de DSK au bois de Boulogne
Le JDD revient sur une « information » déjà évoquée dans Le Monde le 24 mai dernier : « En décembre 2006, la police aurait interpellé Dominique Strauss-Kahn dans le bois
de Boulogne [où se tient une intense activité de prostitution mais aussi d'échangisme, ndlr]. » Réponse du ministre de l'Intérieur :
« Oui, j'ai entendu parler de cette histoire au cours de laquelle M. Strauss-Khan avait été contrôlé par les fonctionnaires en charge de la surveillance de cet endroit lors d'un
contrôle de routine.
Mais il n'y a aucune procédure à ce sujet. Il n'était pas tombé dans un guet-apens de la police. Il n'était pas suivi. Ce n'est quand même pas la faute de la police s'il était là-bas ce
soir-là ! »
Quelques mois après cet épisode, DSK obtenait le soutien de Nicolas sarkozy pour prendre la tête du FMI.
« En quoi DSK est-il encore un danger ? »
Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris et ami de DSK, a réagi sur
son blog :
« DSK n'est plus candidat à l'élection présidentielle. Il est à terre. Il doit faire face à des attaques de tous côtés. Et le ministre de l'Intérieur en rajoute. Plantant sa petite
dague.
Pourquoi ? En quoi DSK est-il encore un danger pour le pouvoir ? Que cherche-t-on ? Pourquoi veut-on en rajouter et en rajouter encore ? Quelle est la raison réelle de
cette traque ? De quel secret DSK est-il dépositaire qui menacerait le pouvoir ? Claude Guéant en fait trop ! Cela finit par être suspect. »
Samedi soir, prévenu de ce « scoop », Richard Malka, le nouvel avocat chargé de défendre les atteintes à la vie privée du couple Strauss-Kahn avait lancé un pare-feu dans une déclaration :
« On peut se demander pourquoi et qui se laisse aller à de l'exploitation politique, en faisant ce type de déclaration allusive, qui plus est en ce moment. »
A l'époque, dit-il, Dominique Strauss-Kahn habitait sur le bois de Boulogne. Il avait fait l'objet d'un contrôle de routine un soir en rentrant chez lui.
Urvoas demande si Guéant a menti
En fin de matinée ce dimanche, c'est le secrétaire national à la sécurité du PS Jean-Jacques Urvoas qui contre-attaque dans un communiqué. Il rappelle avoir saisi
le ministère en mai, après l'affaire du Sofitel, à l'occasion d'un article du Monde daté du 24 mai, faisant état d'une note policière relative à un contrôle de DSK « dans un haut lieu
des rencontres tarifées » de l'ouest parisien.
Alain Gardère, alors directeur adjoint de cabinet de Claude Guéant, lui avait fait la réponse suivante :
« Après recherche, il apparaît bien qu'aucun compte-rendu administratif concernant [la] vie privée [de DSK] n'existe et a fortiori n'a circulé en provenance de la police. »
« Claude Guéant connaît le poids des mots », dit Jean-Jacques Urvoas.
« En conséquence, ou le préfet Alain Gardère m'a menti, ou bien le ministre Guéant ment à l'ensemble des Français, ce matin, dans le Journal du dimanche. »