Le PS ménage Jean-Luc Mélenchon

Publié le 26 Mars 2011

Source lesinrocks.com
Crédits photo:  Jean-Luc Mélenchon et Martine Aubry en septembre 2010. (Charles Platiau/Reuters)

Le premier tour des cantonales favorise la stratégie des socialistes qui souhaiteraient parvenir à un rapprochement avec le Parti de gauche avant 2012.

Avant 2012, il y a 2011, aime à répéter Martine Aubry. Et il semble bien que l'année pré-présidentielle soit celle du rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon. L'opération séduction a commencé en fanfare dès le mois de janvier alors qu'au même moment le président du Parti de gauche (PG), qui aimerait défendre les couleurs du Front de gauche en 2012, multipliait les attaques à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn.

Le 24 janvier, sur LCI, le numéro 2 du PS, Harlem Désir se dit "convaincu" de la possibilité d'un accord de second tour et met en garde contre une gauche qui serait "trop dispersée, trop éparpillée". Premier geste à l'égard de son ancien congénère du PS. Le 26 janvier, sur I-Télé, le même Harlem Désir se fait plus charmeur :  

"Je voudrais inviter les socialistes à ne pas faire dans l'antimélenchonisme primaire et à respecter tous nos partenaires, y compris Jean-Luc Mélenchon."

Qu'on se le dise, Mélenchon fait donc partie des partenaires du PS. D'ailleurs, quatre jours plus tard, Martine Aubry sur France 5 trouve "abject" de le comparer à Jean-Marie Le Pen :"Jean-Luc, je le connais bien, il a un engagement fort depuis toujours pour la République et pour la gauche."

Le renvoi d'ascenseur ne tarde pas. Le lendemain sur Public Sénat, Mélenchon se fait tout doux et rappelle leur participation commune dans le gouvernement Jospin :

"J'en ai gardé du respect pour elle parce qu'elle était guerrière, combattante. (...) Le PS est un parti de gauche, on ne peut pas avoir avec lui les relations qu'on a avec un parti de droite ou un parti ennemi."

Bel échange d'amabilités !

Pas encore partenaires, mais plus adversaires

Quelques jours plus tôt, alors que les députés sont réunis en session plénière au Parlement européen à Strasbourg du 17 au 20 janvier, deux d'entre eux prennent le temps d'un tête-à-tête : Jean-Luc Mélenchon et Harlem Désir. Les deux hommes qui se connaissent depuis longtemps évoquent une négociation sur un accord aux législatives. La suite se transforme en douceur dans la presse: pas encore partenaires, mais plus adversaires.

Harlem Désir n'élude qu'à moitié :

"J'ai gardé des relations amicales, personnelles et politiques avec Jean-Luc. On se croise régulièrement au Parlement européen, on se parle de la situation politique, de l'analyse de la crise, des responsabilités qui sont les nôtres. Il est vrai que depuis le début de l'année, on a eu l'occasion d'avoir des échanges très ouverts." Et d'ajouter : "On se retrouve sur des valeurs fondamentales, sur des positions convergentes par-delà le vocabulaire qui peut être différent. Et Jean-Luc comme nous a conscience qu'il y a une forte attente populaire pour une alternative à Nicolas Sarkozy. Or personne ne peut gagner seul."

Dès lors, la volonté est affirmée de " bâtir un contrat de législature" pour la présidentielle et pour les législatives, ce qui signifie "la représentation de chacun" : en somme un projet politique commun avec la négociation de circonscriptions gagnables à la clé pour Jean-Luc Mélenchon et les siens. "Le Parti de gauche fait partie de la gauche et nous avons le sens des responsabilités pour 2012", se fait grave François Lamy, bras droit de Martine Aubry.

A ce jour, pourtant, à la différence des autres partenaires de gauche comme la Verte Cécile Duflot ou Pierre Laurent du PC, Jean-Luc Mélenchon n'a pas été reçu par Martine Aubry.

"Nous avons des relations historiques établies avec le PC, analyse Harlem Désir, il faut qu'on trouve avec le Parti de gauche les modalités de travail, mais ça n'empêche pas de discuter."

François Lamy a d'ailleurs envoyé un SMS à Jean-Luc Mélenchon et passé un coup de téléphone à Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, pour proposer une rencontre avant le second tour des élections cantonales. Au soir du premier, pas de réponse.

Au même moment, alors que Martine Aubry, Cécile Duflot, Pierre Laurent étaient réunis sur une péniche, à Paris, pour faire bloc avant le second tour du scrutin, le 27 mars, Jean-Luc Mélenchon était aux abonnés absents. Jusqu'au dernier moment, au PS on n'a su que faire de la chaise qui lui était réservée de peur de le vexer s'il n'avait pas trouvé où s'asseoir... Le diable se niche dans les détails, c'est bien connu. Le lendemain, François Lamy rappelle le PG et propose une rencontre au siège du PS avec "les partis qui peuvent s'entendre pour gouverner". Eric Coquerel décline la proposition :

"On n'est pas dans cette logique d'un scénario écrit à l'avance, où nous serions amenés à être le lieutenant du PS."

"J'espère qu'on se verra bientôt", avait confié quelques jours plus tôt Martine Aubry. La danse du ventre du PS n'est pas près de s'arrêter...

 

Auteur Marion Mourgue


et à l'instant dans actu...
Source lesinrocks.com

Rédigé par jeanfrisouster

Publié dans #citoyens d'europe

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article